Inspired by freedom.

L’art sait-il se passer de libertés? Plus encore, connait-il seulement des règles? Si la réponse ne semble pas évidente a priori, un événement récent permet d’ouvrir le dialogue: la mode en prison. En effet, la Cour Centrale d’Old Bailey, tribunal britannique, a accueilli le défilé de Sue Bonham, dont les modèles étaient réalisés par des détenues de la plus grande prison pour femmes d’Europe.

Liberté de création

Ce qui fait tout le charme de la collection, c’est peut-être précisément ce contraste entre l’emprisonnement physique des créatrices et leur marge de liberté dans la création. On répète souvent qu’il faut penser hors des sentiers battus; elles pensent depuis les barreaux. On retrouve ainsi des modèles rappelant le costume des prisonniers du XIXème siècle aux rayures épaisses et noires. D’ailleurs, le slogan de ce défilé n’est autre que « made in prison, inspired by freedom ». Une manière donc d’appuyer ce contraste étant donné que, après tout, c’est peut-être aussi des contrastes plus que des règles qu’émane l’art -la beauté dans la souffrance, ici la liberté prisonnière… ou peut-être la prisonnière libre.

Causes et conséquences

L’idée est venue aux frères Roy, Sasha et leur meilleur ami Dave, qui, en 2012, après avoir visité un établissement carcéral, ont ressenti le potentiel créatif de ces prisonniers. Ils expliquent en effet qu’après deux heures seulement passées dans la prison, leur liberté prenait une toute autre couleur, une quasi-nécessité et surtout un bonheur redécouvert. À cela s’ajoutait le fait que les trois hommes avaient assisté à quelques manifestations d’un certain talent créatif dans la prison. Aussi se sont-ils lancés dans l’aventure, affichant et revendiquant le fait que les créations avaient été réalisées en milieu carcéral. Le ministère hollandais de la justice a approuvé leur proposition rapidement, d’autant que la marque assumait totalement ce statut, contrairement aux créateurs qui s’étaient essayés à la création via les prisons et qui taisaient plus ou moins ce fait.
Les conséquences pour les détenues peuvent être multiples: tout d’abord, le sentiment d’encore appartenir à la société permettra probablement une réinsertion plus efficace. De manière plus concrète, elles auront la possibilité d’obtenir un certificat de compétences à leur sortie de prison. Leurs talents parfois cachés ont pu s’exprimer, et les fonds récoltés par la vente de t-shirt ont été reversés à une association en charge de la réintégration des prisonniers post-incarcération.

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